Edward Wilson est du genre taciturne. Planqué sous son chapeau, il ne laisse que rarement transparaître ses émotions, ne répond pas toujours aux questions qu'on lui pose. Sa femme et son fils passent après son métier. Cette vie, il l'a choisie : il est agent du CIA. Depuis la création de la célèbre agence de renseignements américaine en 1947 jusqu'au fiasco de la Baie des Cochons en 1961, Edward est un agent aux lourdes responsabilités, ce qui lui impose une discipline stricte basée sur la discrétion, la méfiance permanente, le culte du secret. La Guerre froide est pour lui une guerre des nerfs où il doit jongler, aux quatre coins de la planète, entre des enjeux politiques, sentimentaux et familiaux. Et quand il est impossible de gagner sur tous les plans, il faut choisir...
Deuxième long métrage réalisé par Robert De Niro, "Raisons d'Etat" n'est pas un film purement historique, et c'est tant mieux. La grande histoire est romancée à travers la petite histoire d'Edward, interprété par un impassible Matt Damon. "Raisons d'Etat" est avant tout un film d'hommes : la relation d'Edward à son père et à son fils est le vrai fil rouge, celui qui tient en haleine le spectateur. Pour le reste, l'intrigue est très complexe et avance par épisodes, souvent mélangés dans le temps. Le décryptage progressif, par bribes, d'une mystérieuse photo accompagnée d'enregistrements sonores doit tenir lieu de repère pour le spectateur jusqu'au dénouement : c'est insuffisant. Là où le film excelle, c'est dans la reconstitution de l'atmosphère de paranoïa propre à cette époque et à la fonction d'agent du CIA. Chaque réplique semble être un message codé. Le travail sur la lumière et la réalisation, très précise, contribuent à cette tension. Pourvu qu'on se laisse happer par cette ambiance, on ne s'ennuie pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Donnez votre avis !